Vous connaissez la fonctionnalité do not disturb sur iPhone ? Évidemment que vous connaissez, tout le monde connaît, sauf moi qui ai découvert ça il y a deux semaines. Cette fonctionnalité — pour les septuagénaires qui me lisent (coucou maman) — permet de ne pas recevoir ses notifications tant qu’elle est activée. Vous pouvez avoir accès à vos messages, mails, DM Insta, DM Facebook, notifications Google Calendar, mais seulement si vous déverrouillez votre téléphone. Rien ne s’affiche sur votre écran alors qu’il est posé sur la table.
Et ça, quand on a une capacité à se déconcentrer comme la mienne ; c’est du pain béni.
Mais avant de trouver cette fonctionnalité, et en voyant que je pouvais me déconcentrer à cause d’un papillon, de la pluie, de quelqu’un qui éternue dans une maison située à trois rues de la mienne, de la faim, de “qu’est-ce qu’il est beau mon mari quand il fait du jus au blender”, du “qu’est-ce qu’il est bruyant ce blender quand-même” — j’ai tenté de comprendre ce qu’il me faudrait pour réussir à écrire comme je le souhaitais.
Parce que ce qui me permet de payer mes factures d’électricité et mes blenders trop bruyants ; c’est l’écriture. Qu’elle soit créative, publicitaire ou journalistique, mon gagne-pain, ce sont les mots. Et si je peux écrire des pages et des pages quand je suis dans de bonnes dispositions de travail, je peux tout autant avoir du mal à me concentrer si mes critères fondamentaux ne sont pas réunis.
Trouver son rythme (tâches / code couleur / priorités)
Comme beaucoup de personnes avant de se lancer à leur compte, j’ai travaillé dans des entreprises comme employée. Je passais 10h sur mon lieu de travail, en open-space, avec une vingtaine de personnes autour de moi. Et puisque j’ai passé mes années comme employée dans la publicité, je travaillais dans des agences. Les agences, c’est un monde à part, avec comme partout, du bon, et du moins bon. Mais c’est surtout une entité qui te forme à travailler dans toutes les situations possibles : entre cinq personnes qui se sont lancées dans une bataille de Nerf alors que tu as un script à rendre pour dans une heure, et quatre commerciaux qui font le concours de qui parle le plus fort au téléphone, avec une réunion qui a décidé de s’organiser à 8 centimètres de ton bureau, sans Internet à cause des travaux dans la rue, sans chauffage en décembre parce que la chaudière a un coup de mou…
Travailler en agence, c’est formateur. Et après une dizaine d’années à y travailler, j’ai réussi à comprendre à quel moment j’étais la plus productive, quels étaient les écouteurs qui me permettraient de survivre, et quelles étaient les tâches par lesquelles je devais commencer pour ne pas couler au fur et à mesure de ma journée. Et ça, ça change tout.
Pour ne pas se laisser distraire par une balle en mousse Nerf, l’essentiel, ce sont des intra-auriculaires, et de la méditation quotidienne.
Ainsi que des lunettes de vue qui m’ont permis plus d’une fois de ne pas perdre un œil.
Depuis quelques années, je sais que commencer ma journée de travail tôt (7h) avec les tâches qui demandent le plus d’attention, me permettent d’avancer à mon rythme, et de garder le focus plus longuement.
Tenir le rythme qui me convient ✅
Pour mon agenda, j’utilise un code couleur en fonction des tâches liées à de l’admin (visa, rendez-vous à l’Ambassade, à l’immigration, payer la maison, la loc de scooter…), à du travail (mes clients, mes réunions, factures, devis, URSSAF), à du volontariat (pitchs à envoyer à mon éditrice, mails auxquels répondre, écriture d’articles, recherches) ou du perso (appeler ma maman, café avec une copine, acheter un blender qui ne me donne pas envie de mettre la tête de mon mari dedans etc).
Je vois hyper rapidement le type de journée que j’ai, et qu’on se le dise, cet effet bayadère (oui, c’est un vrai mot) est hyper satisfaisant.
Colorimétrie du Google Calendar ✅
Trouver son lieu (température, fan, personnes autour) et son start up pack de travail.
Si j’ai déjà travaillé depuis pas mal de moyens de transport et autres cafés plus communs, il m’a fallu du temps pour comprendre que j’avais un set up qui me permettait d’être plus ou moins concentrée. Si j’aime bien découvrir de nouveaux endroits régulièrement, j’ai aussi compris que je n’aimais pas changer de café pour travailler chaque matin, en devant prendre en compte tous les critères qui me permettent de me sentir bien.
Ici à Bali, il fait en moyenne 80% d’humidité, avec plus ou moins 30°c (rarement en dessous de 27°c, ni au dessus de 35°c), alors si tu as chaud parce que tu travailles dans un café avec un toit en taule, tu n’as pa le front luisant, tu sues des gouttes si grosses qu’elles vont faire court-circuiter ton laptop sous peu.
Gourde d’eau ✅
Et puisqu’il fait chaud, il y a de la clim. Mais pas de la petite clim rafraîchissante, de la clim 16°c que tu te prends dans le dos (crop top) et qui te fait rester au lit quatre jours d’affilée.
Petit sweat dans le sac à dos ✅
Pour écrire, j’ai besoin de calme. Et si l’on pense à Bali comme un endroit entouré de rizières et de cocotiers — ce qui est vrai — il est aussi peuplé de coqs qui hurlent à n’importe quelle heure du jour et de la nuit et qui ne prennent absolument pas en compte les horaires de mes meetings — ces ingrats — de personnes qui parlent trop fort, de chantiers, de scooters, de groupes de wanna be influenceuses qui font une story de leurs ongles / leurs cils / leur cheveux / leur OOTD / leur moue (oui c’est un vrai truc, des gens qui se prennent en vidéo juste en train de… ne rien faire) et tout ce petit monde est très bruyant. Il faut donc s’adapter et trouver un moyen de rester productif sans se faire de nouveaux cheveux blancs.
Intra-auriculaires / casque anti-bruit ✅
Écrire ses pensées qui tournent
Comme tout ce qui existait déjà mais auquel on a redonné un nom — anglophone — beaucoup font désormais du journaling qui consiste à écrire ses pensées chaque jour (aussi appelées “pages du matin”) pour pouvoir évacuer toutes les pensées qui font de notre esprit un tourbillon épuisant et qui, une fois couchées sur le papier, nous permettent de nous désembrumer l’esprit.
Je ne le fais pas du tout tous les jours, mais j’écris régulièrement sur papier des bribes de pensées ou des pensées complètes qui prennent trop de place dans ma tête. Un non-dit, un ressenti, une détermination, une chose comprise : ce qui est écrit en bas me permet d’être plus sereine en haut.
Ecrire quand l’esprit est trop bruyant ✅
Embrasser les distractions… pour un temps donné
Chaque matin je me lève, et je te bouscule. Non attends. Chaque matin je me lève, je zone un peu au lit en regardant ma moitié (s’il ronfle je fais évidemment une vidéo que je lui mettrai sous le nez à un moment parfaitement choisi) puis après l’étape salle de bain, je bois un verre d’eau et je me fais couler un café. Pendant que le café coule, j’écoute les messages reçus pendant la nuit. Je commence toujours par les notes vocales et messages de mes amis / famille, pour me réveiller avec des voix de ceux que j’aime versus des emails clients (mes clients sont très sympas mais c’est pas le même effet qu’un vocal de mon meilleur ami de 6’32”). Je n’y réponds pas forcément tout de suite.
Alors forcément, au fur et à mesure de ma matinée de travail, j’ai parfois l’esprit qui vagabonde et qui repense au vocal, au message, à la réponse que j’ai envie d’envoyer. Et puis parfois, je pense à la réservation de notre week-end à venir, au resto à booker avec une copine, à cette île dont on m’a parlé… Et j’ai évidemment envie de m’occuper de tout ça versus de travailler… et je le fais !
Pas pour le reste de la matinée, pas pour remplacer mon travail, mais je m’octroie, sans culpabiliser, des pauses régulières où je m’aère l’esprit avec des tâches persos qui vont me faire du bien au moral, et me permettre de moins me disperser dans les heures à venir.
Ouvrir 276 onglets absolument pas liés à une tâche pro ✅
Tout ça pour vous dire que l’essentiel, c’est de trouver ce qui nous convient à nous. Certaines boivent des verres d’eau infusée aux probiotiques en se levant, d’autres des mugs de café. Ce qui compte, c’est de trouver ce qui nous convient et nous permet d’être en bonne santé et dans une forme assez bonne pour faire ce que l’on veut.
Haruki Murakami — dans son excellent livre Autoportrait de l’auteur en coureur de fond — explique qu’il est passé de soixante cigarettes par jour et pas mal d’alcool pour aller avec, sans aucune routine sportive, à 10kms de course quotidienne auxquels il se tient chaque jour.
Tous. Les. Jours.
Parce que si tout et n’importe quoi peut nous faire lâcher notre concentration, la seule personne qui peut nous faire nous sentir bien et faire les choses… c’est nous.