boomerang

Parfois on pense être sûr de certaines choses, et puis parfois, enfin souvent, enfin tout le temps, on se rend compte que tout est relatif. Surtout quand on voyage. J’ai la chance de voyager pas mal, et à chaque fois que je pense être sûre de moi concernant une pensée, un avis, une situation, ça me revient dans la tronche comme un petit boomerang. Mais en bien. Enfin parfois. Bon d’accord souvent. Bon okaaaaaay ; tout le temps.

En même temps, Socrate disait, il y a quelques années, “la seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien”. Je ne suis pas sûre que l’on ait, lui et moi, les mêmes problématiques, mais en tout cas, l’idée est là.

Je pensais être trop vieille pour certains trucs. Trop vieille pour aller en boîte, trop vieille pour boire des shots, danser avec des inconnus transpirants, trop vieille pour avoir des amours de vacances, trop vieille pour rentrer de la plage avec du sable partout et avoir un lit en mode gommage pour la nuit à venir.

En fait, je ne suis pas trop vieille pour ça. Et j’espère que je ne serai jamais trop vieille pour ça. Parce que vivre comme si l’on avait 16 ans, quand c’est avec les bonnes personnes ; c’est la plus belle chose qui existe. Avoir un crush qui dure deux heures, deux jours, deux semaines, être avec des gens dont on ne retient pas les prénoms parce que l’on a bu des vodka pafs (vous connaissez vous les vodka pafs ?) et ramener la plage dans son lit parce que l’on n’a pas envie de se laver de l’odeur de la soirée ni de se débarrasser du sel dans nos cheveux. 

Je pensais ne plus jamais aimer la musique forte avec 400 personnes qui dansent autour de moi. Et après quelques recherches — et soirées — il s’avère que je n’aimais juste pas le décor dans lequel je me trouvais avec ces 400 personnes. 

400 personnes dans une salle fermée à Paris avec un fumoir où je perds 8 ans de vie à chaque pause et où mes Veja blanches ressortent noire et gin toniquées = non

400 personnes dans une salle un peu fermée mais avec un jardin où l’on peut aller quand on veut et où l’on s’entend parler = Mmm…négociable après deux vodka pafs.

400 personnes sur une plage, pieds nus, avec la piscine comme point de ralliement si l’on se perd et le DJ qui me laisse passer ma playlist = OUI !

Je pensais ne pas aimer partager ma nourriture. Et je le pensais depuis des années. Tout ce qui était tapas à partager et autres hors d’oeuvres dans lesquels tout le monde pioche faisaient partie d’un phénomène dont l’engouement ne passait clairement pas par moi. Moi je voulais mon plat à moi, avec de préférence quelqu’un qui ne mange pas beaucoup à côté de moi pour pouvoir taper dans son assiette une fois que j’aurais fini la mienne ; c’est à dire très rapidement. Et c’est à 31 ans que j’ai compris que faire goûte goûte, c’était en fait super sympa. Surtout quand la personne a pris le plat avec lequel on hésitait.

Je pensais que j’avais besoin de dormir 8h par nuit pour être fonctionnelle. Je calculais mon nombre d’heures de sommeil pour être sûre d’avoir minimum 8h. Je pouvais me réveiller en pleine forme, voir que je n’avais dormi que 7h, et avoir soudain la sensation que je n’étais pas assez reposée. Juste parce que mon téléphone me disait que je n’avais pas dormi mes 8h nécessaires. Et pourtant, j’ai compris que tout dépendait de l’environnement dans lequel je me trouvais. Hier soir, je me suis couchée à 19h30, réveillée à 6h ce matin. Et je me suis sentie tout aussi reposée qu’il y a deux jours, quand j’ai dormi 5h. Comme quoi, le seul élément qui sait quand on se sent bien ; c’est son corps.

Je pensais qu’un tee-shirt devait se laver après avoir été porté une fois. Facile ; on porte une fringue, on la met dans le panier de linge sale. A la fin de la semaine, on fait une machine, et ce n’est pas plus compliqué que ça. Mais après avoir travaillé dans plusieurs pays où les températures avoisinent les 40°c, la notion de “propre” devient vite relative. Surtout quand on n’a pas de machine à laver, et qu’il fait trop humide pour que nos fringues sèchent en une journée, ou deux.

Je pensais que je pouvais partir des mois, des années, sans avoir besoin de retourner dans mon pays initial. Mais cette année écoulée m’a appris beaucoup de choses, notamment le fait que la privation de liberté nous montre à quel point les gens que l’on aime sont des éléments vitaux pour notre survie. Du moins pour la mienne. Partir seule et vivre des choses incroyables, c’est une chance inouïe. Retrouver ceux que l’on aime pour partager nos expériences, c’est l’une des plus belles merveilles du voyage.

Je pensais que si je pouvais marcher parce que la distance me le permettait, je le ferai. Pour des raisons physiques, mais avant tout pour des principes écologiques. Je snobais ceux qui prenaient l’avion pour des courtes distances, et me moquais de ceux qui prenaient des Uber et autres métros pour ce qu’ils auraient pu faire à pieds en vingt minutes. Et puis j’ai posé mon sac de rando dans un pays où la température moyenne est de 33°c avec un taux d’humidité qui ne descend jamais en dessous de 70%. Et j’ai arrêté de juger. Et j’ai commencé à prendre des Bajajis (tuks tuks locaux) et autres taxis pour cinq minutes de trajet.

Je clamais sur tous les toits que ma peau était trop accoutumée au soleil pour prendre des coups de soleil. Puis, grâce au soleil Zanzibarite, j’ai pelé à des endroits dont j’ignorais qu’ils pouvaient peler. Et depuis, je mets de la crème solaire. Parfois.

Alors Socrate, si tu nous lis, laisse-moi te dire que tu avais bien raison. Parce que la seule chose que je sais aujourd’hui, c’est qu’avec la vie, on est sûrs de ne jamais l’être.

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