Je suis restée des années dans une vie qui ne m’allait pas. Attendez, promis c’est pas l’intro d’un post Linkedin inspirant qui finit par vous expliquer comment gagner 150K€ en travaillant 3h par jour.
Je faisais un job qui ne me faisait plus vibrer, je rentrais le soir dans un appartement trop petit, mes semaines se ressemblaient, et mes week-ends aussi, et je passais la plupart de mon temps à attendre.
Attendre une pause le matin, attendre le déjeuner, puis la fin de journée, puis la fin de semaine, puis les vacances.
J’avais — à l’époque — besoin de cette vie, de ce rythme, pour me remettre sur pieds, mais quand je me suis rendue compte que j’allais mieux, j’ai simplement… oublié de partir.
Parce que si cette vie ne m’allait pas, elle n’était pas pour autant douloureuse.
C’est pas ouf mais…
Mon job ne me passionnait pas, mais j’avais des libertés créatives et je travaillais avec des gens cool dans de jolis locaux, les perks étaient plutôt pas mal et confortables et c’était pas loin de chez moi.
Mon appartement quant à lui était trop petit et beaucoup trop cher, mais il était canon, hyper bien situé et j’avais acheté des meubles qui me faisaient me sentir vraiment chez moi. La semaine j’allais faire du sport avant de travailler ou après, boire des coups avec mes amis dans des endroits canons de la capitale, et les week-ends je pouvais profiter des expos de la capitale et des beautés que Paris a à offrir.
Je ne rencontrais jamais de mecs qui me faisaient vibrer mais je faisais des dates avec des mecs parfois sympas et j’aime bien écouter les gens parler.
J’avais une vie qui ne m’épanouissait absolument pas mais je n’étais pas excessivement malheureuse pour autant. Et rester dans une vie confortable qui ne nous rend pas heureux, mais pas non plus dramatiquement malheureux, ça a un nom : ça s’appelle le region beta paradox.
Et ça fait peur.
L’idée est que l’on reste souvent bloqué dans des situations qui nous traumatisent moins que d’autres, mais qui justement, ne nous traumatisent pas assez pour que l’on ne fasse quoique ce soit. On ne se fait alors pas violence, puis qu’après tout “c’est pas si mal” et on finit par s’embourber dans des situations qui ne nous plaisent pas, comme dans des sables mouvants, sans même lutter pour en sortir.
Dangereusement bien installé
En 2023, tout est confortable. On peut commander à manger depuis notre canapé, faire nos courses depuis le métro, télétravailler, regarder tous les films et séries du monde depuis Netflix, Amazon Prime, OCS, Hulu, on peut faire des séances de sport sans même aller à la salle, avoir un bar qui fait concurrence à celui du coin de la rue avec des bouteilles commandées en ligne de tous les pays du monde, rencontrer des gens sur Tinder, Happn. En 2023, tout est accessible sans le moindre effort. Alors pourquoi en faire pour sortir de cette zone de confort qui nous anesthésie l’esprit si c’est pour se faire violence et chercher le bonheur ailleurs ?
Entre chercher à être heureux avec effort ou ne jamais être malheureux sans effort, la question est vite répondue.
Et cela s’applique à tout : son mec, son appart, son job, ses vacances, ses relations amicales. On peut littéralement passer sa vie à faire des choses qui ne nous passionnent pas, entouré de gens que l’on n’aime pas vraiment, juste… par flemme.
L’instinct de survie plus efficace en cas extrême
Il a été prouvé que l’on avait tendance à sortir d’une situation plus rapidement si celle-ci était vraiment critique. En cas de danger, de malheur intense, de peur, de tristesse : on active alors l’alarme et l’on se sort de son canapé Habitat pour changer les choses. Mais si elles restent vivables et acceptables, il sera beaucoup plus long et compliqué pour notre cerveau de donner l’ordre de se bouger et de remédier à la situation.
Comment savoir si l’on se trouve dans le region beta paradox
Si à chaque fois que vous pensez à tout ce qui constitue votre vie — ou une partie précise — vous avez tendance à ne pas vouloir trop vous appesantir dessus parce que l’idée que cela est votre quotidien ne vous emballe pas plus que ça : il y a peut être un red flag qui s’agite sous votre nez. Vous n’êtes pas hyper emballé par votre job depuis plusieurs mois/années, mais il vous permet de payer votre appartement (et seulement ça) ; vous pouvez vous poser quelques questions. La personne avec laquelle vous habitez est devenue la personne qui vous permet de partager le loyer mais vous n’avez rien à vous dire et sa présence vous angoisse plus qu’autre chose ? Une petite remise en question et une conversation s’imposent.
Comment en sortir ?
En commençant par se faire des petits check ups réguliers. En vous posant des questions, vous prenez la température de votre vie. Si l’on parle souvent de crise de la quarantaine, ou crise de la trentaine, c’est parce que les gens ne se posent jamais de questions et restent dans un schéma qu’on leur a imposé mais qu’ils pensent avoir choisi, pour finalement tout remettre en question en reniant la totalité de leur vie et en prenant des mesures drastiques = J’achète une Porsche rouge à 50 ans alors que j’ai toujours conduit une Peugeot 308 d’occasion, ou je quitte mon job de bureau à la Défense à 30 ans alors que je suis en voie de devenir Manager, pour faire de l’éco-volontariat au Guatemala.
Quelques exemples de questions
“Suis-je heureux de me lever le matin ?”
“Ai-je envie de me projeter dans cette situation ?”
“Est-ce que voir mon partenaire quand je rentre le soir me rend heureux ?”
“Est-ce que je suis contente de partir en vacances avec cette personne ?”
“Mes missions au boulot m’emballent-elles ?”
“Quand est-ce que j’ai fait quelque chose qui m’a profondément excité pour la dernière fois ?”
Certaines questions peuvent apporter une réponse négative, mais cela ne veut pas dire que l’on doit tout quitter au plus vite. On n’est pas forcément heureux de se lever le matin en permanence, même si l’on aime son job. Un mardi de novembre sous la pluie à 7h00, c’est plus compliqué de sortir du lit, qu’un vendredi de juin par exemple.
Si l’on s’est engueulé avec son partenaire, on a peut-être moins envie de lui faire des roulés-boulés le matin au réveil que quand on déborde d’amour.
Mais en faisant des petits check ups réguliers, on voit si une question posée qui appelait une réponse négative, l’est toujours quelques jours/semaines/mois plus tard, et on peut alors aviser.
Et vous, vous êtes heureux de vous lever le matin ?