« I’m going back home ». Mais c’est où « home » pour chacun d’entre nous ? Quand on voyage aux quatre coins du monde et que l’on n’a pas encore construit sa famille, c’est parfois dur de savoir où l’on se sent le plus chez soi. Notre maison d’enfance, le pays dans lequel on a fait notre Erasmus, la ville dans laquelle on a habité pour la première fois seul.e, là où l’on a fait ses études, où l’on a nos amis, ou la personne avec laquelle on a envie de faire sa vie…
« Home », c’est relatif, et ça l’est encore plus pour ma génération où l’on déménage sur un autre fuseau horaire pour un mec, un job, ou pour soi, avec autant de facilité que celle dont on fait preuve pour acheter une baguette.
Pas trop cuite s’il vous plaît.
Mais si l’on bouge si facilement, c’est notamment parce que l’on ressent de moins en moins le besoin de posséder, mais plutôt celui d’expérimenter. On échange volontiers une maison payée à crédit contre quelques années dans un pays que l’on ne savait pas placer sur la carte avant d’y mettre les pieds. On vit avec huit kilos de ce que l’on a arbitrairement qualifié d’essentiel, et mettons le reste dans des cartons qui prennent la poussière chez nos parents, chez nos amis, dans un box en banlieue, en oubliant ce qu’il s’y trouve, reliques de notre vie passée dans un endroit que l’on a, à un moment, appelé « home ». On refuse de s’ancrer, de rentrer dans le moule, de prendre les responsabilités que la vie nous impose, préférant dicter nos propres règles et suivre des envies que tous ne comprennent pas toujours, et que certains ne comprendront jamais.
Au temps du télétravail, du freelancing, du voyage qui n’a jamais été aussi facile (pre-Covid19), du Airbnb-ing, et du confinement dans des endroits qui n’étaient pas les nôtres mais le deviennent ; c’est quoi notre « home » ? Est-ce qu’elle ne se résume qu’à un endroit, ou à plusieurs ? Ou est-ce qu’elle s’étend aussi… aux gens ?
Pour faire d’une « house » une « home », il faut de l’amour. Et si l’amour se puise dans le cœur de ceux qui nous entourent, pourquoi est-ce que notre « home » ne serait-elle pas directement… eux ?
J’ai toujours eu des « mini homes » quand je voyageais ; des endroits où je me réfugiais et où je sentais que j’étais en sécurité ; mes points d’ancrage : la terrasse d’un café à Andros dans les Cyclades, un restaurant avec un chat à Porto au Portugal, un brunch à Jeffrey’s Bay en Afrique du Sud, le banc d’un parc à Auckland en Nouvelle-Zélande, une piscine avec un carreau cassé à Ibiza (qui engendra de nombreuses, nombreuses coupures aux pieds)… Des endroits inconnus que l’on s’approprie au fur et à mesure que les jours, les semaines, les mois passent. Mais de mon côté, j’ai toujours eu besoin de ces endroits quand je voyageais seule ou sur du long terme. Parce que, quand on voyage avec quelqu’un que l’on aime, que cela soit des membres de sa famille, des amis ou la personne qui partage notre vie ; le point d’ancrage, c’est eux, lui, elle. Plus besoin d’avoir un point d’ancrage fait de briques quand le nôtre prend clairement la forme de notre compagnon de voyage. Et pour moi, c’est pareil quand on ne voyage pas. Notre « home » n’a peut-être pas un papier peint qui nous rappelle des souvenirs de jeux quand on était petit, ou une malle à l’odeur de notre enfance, mais elle se trouve dans le regard des personnes qui partagent notre vie et qui nous donnent de l’amour, que l’on se trouve sur le même continent, ou pas.
J’ai commencé à écrire cet article il y a un peu plus d’un an, en Afrique du Sud. J’en ai écrit un autre bout en France, puis un petit paragraphe en Grèce (à Andros, puis Naxos, Ios, Amorgos et d’autres îles en -os), quelques phrases en Italie, des notes en bullet points dans un hôtel Tanzanien, et tout cela m’a amenée ici, dans un aéroport à attendre mon avion pour Zanzibar. Là où j’ai décidé de retourner, parce que l’île avait un goût de « home », bien que je n’y ai à la base aucune attache. Mais trouver sa « home », c’est un peu comme trouver l’Amour. Un pari fou, un all-in du cœur sans écouter rien ni personne, à part son petit palpitant qui s’emballe à la vue de quelque chose qui visiblement le fait vibrer. Et je ne sais pas pour vous, mais moi mon palpitant, c’est comme mon ventre ; je l’écoute toujours.