Jesus Christ

Je vais avoir 33 ans. Si si je vous jure. Ne vous fiez pas au fait que des nanas de 17 ans portent le même crop top que moi (ou l’inverse) ni à mes goûters quotidiens qui ressemblent à ceux qu’un enfant de 7 ans, parce que je vais vraiment avoir 33 ans.

Fiez-vous plutôt à mes cheveux blancs qui se reproduisent plus vite que des lapins, à ma ride du lion qui a plus de charisme que moi sur les photos et à mes petits “ouloulou aïe” qui s’échappent de ma bouche si je ne m’étire pas après la salle.

Je vais avoir 33 ans, et à chaque fois que je raconte une histoire, j’ai l’impression que c’était il y a une autre vie. J’ai des amis que je connais depuis vingt ans, j’ai passé le bac il y a 15 ans (IL Y A 15 ANS !!) et j’ai commencé ma carrière il y a une décennie. J’ai des agents (qui me font me sentir comme si j’étais Beyoncé alors qu’en fait je suis juste freelance), j’ai déjà eu un coach perso (qui me faisait me sentir comme si j’étais le bibendum Michelin alors qu’en fait j’avais juste un peu trop forcé sur les pâtes en rentrant en France) et j’ai déjà dû scroller si loin pour trouver ma date de naissance que j’étais déprimée après avoir rempli le formulaire.

Quasiment toutes les personnes avec lesquelles je suis allée à l’école (et avec lesquelles j’ai écumé tous les bars de France et de Navarre) sont mariées, ont des enfants, et certaines ont même divorcé ! C’est incroyable de se dire que certaines personnes ont eu le temps d’avoir des enfants, de se marier, de divorcer et de refaire leur vie pendant que ça me fait toujours grincer des dents quand des gens emmènent leurs enfants au restaurant et foutent le boxon pendant que je mange des oeufs Bénédicte à 25€. Non pas que j’en mange tous les jours (enfin, pas à ce prix-là du moins), mais je ne comprends pas pourquoi ces parents s’imposent (et nous imposent) une crise de nerfs sur 2h de temps juste pour le plaisir de manger dans un restaurant.

Tout ça pour dire que je sens au quotidien que je vais avoir 33 ans. Et la vérité, c’est que j’adore ça. Je me souviens du moi d’il y a dix ans. Je vivais en Nouvelle-Zélande, je n’avais pas un rond et je faisais du wwoofing dans des familles pour pouvoir découvrir les îles du pays sans trop dépenser. J’adorais ça, et le goût du voyage prenait déjà bien le pas sur tout le reste. J’adorais découvrir de nouveaux endroits, écumer le Lonely Planet (il y avait beaucoup moins d’influenceurs à l’époque) (oui, j’utilise l’expression “à l’époque” très souvent, preuve supplémentaire de mon âge avancé) conduire pendant des heures, me perdre dans les rues des villes, sur les routes des campagnes, prendre le bateau en permanence, goûter à de nouvelles saveurs.

Mais je me souviens aussi de me trouver obèse alors que je faisais 53 kilos (soit 10 de moins que maintenant !), de ne pas aimer ma peau, mes cheveux, mes doigts (ou comment détester chaque partie de son corps quand on est une femme). Je me souviens ne pas aimer être chez les gens en permanence et me sentir comme une ado quand on m’appelait à table, et de ne jamais être sûre de chaque décision que je prenais.

Dix années après, j’ai encore peur de beaucoup de choses, mais je m’autorise à ne pas faire tout de parfait. Déjà parce que ce serait trop fatiguant et que je suis beaucoup trop flemmarde pour ça, mais surtout parce que plus l’on grandit, et plus on fait la paix avec la personne que l’on est, et les imperfections qui nous suivent tout au long de notre vie. Et pour les côtés avec lesquels on ne fait pas la paix, on décide bien souvent… de s’en foutre.

Je ne me fous pas de tout et le lâcher prise est toujours une notion sur laquelle je dois travailler au quotidien sous peine de me mettre des maux de crâne dès 7h du matin, mais en grandissant, j’ai compris que beaucoup de choses ne méritaient pas de se mettre la rate au court-bouillon (expression elle aussi qui date un peu, vous remarquerez le champ lexical de la vieillesse réfléchi jusqu’au bout).

Tout ça pour dire que je vais avoir 33 ans demain, et que même si je continue de repasser mes affaires au lisseur à cheveux parce qu’on a laissé notre fer à repasser dans les bagages étiquetées “pour quand on aura trouvé une maison” et que l’on cherche toujours une maison, je trouve que grandir, vieillir, appelez ça comme vous le voulez, c’est quand-même incroyable. 

J’ai des cheveux blancs, des rides et il me faut deux jours pour me remettre d’une soirée ainsi que trois douches et deux sessions de sport pour me sentir complètement clean, mais je me sens alignée et j’ai fait la paix avec pas mal de choses de mon corps et de mon esprit.

Ce n’est pas parfait, ce n’est pas toujours aligné, et parfois mes émotions prennent le dessus ou je me regarde en me disant que rien ne va, mais ces moments-là se font de plus en plus rares.

Et vous, vous sentez davantage aligné au fur et à mesure que les cheveux blancs apparaissent ?

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