Je ne sais pas pour vous, mais parfois j’ai la flemme. Non en fait c’est pas vrai. Déjà parce que je sais que pour vous c’est pareil, et surtout, qu’il ne s’agit pas de flemme, mais d’une nappe de procrastination, d’une tonne de non-effort, d’une “ergh, je le ferai demain. Ou jamais” dans laquelle on se drape confortablement et en étant même un peu satisfait, ayant été capable de repousser une tâche que l’on devait faire, ou juste quelque chose d’un peu relou que l’on a abandonné. Ca peut aller de passer le balai, à faire ce test pour un contrat free, à s’atteler à sa facturation, en passant par le renouvellement de son visa (d’ailleurs je parlais avec mon esthéticienne Ukrainienne qui habite en Egypte depuis six ans et on rigolait sur les gens qui pensent que la paperasse en Europe prend du temps. Perso l’administration Française me rend DINGUE, genre je peux perdre mon calme au téléphone — notamment quand ils me disent de mieux chercher ma carte vitale quand j’en demande une nouvelle parce que j’ai perdu l’ancienne dans l’Océan Indien — mais alors l’administratif en Égypte, là, c’est un autre niveau. C’est le rooftop du bordel les amis).
Tout ça pour dire que l’on est quand-même talentueux quand il s’agit de ne pas en foutre une et de repousser notre to do.
Mais, à côté de ça, je trouve que parfois, on est aussi incroyablement déterminés. Que l’on se bouge le boule par amour, par amitié, pour aider quelqu’un, par envie, par promesse, par courage ; on se le bouge, et ça c’est merveilleux.
J’ai pensé à ça dans le bus il y a quelques jours. Bus dans lequel j’ai passé cinq heures, avec une clim à 16°c (alors qu’il faisait 36°c dehors), des hauts parleurs qui hurlaient le son de la série Égyptienne qui passait sur les écrans, et un bébé qui a pleuré non-stop du début à la fin. Le tout pour aller renouveler mon visa. Du coup j’ai essayé de me souvenir des choses pour lesquelles je m’étais déterminée à un moment de ma vie. Et puis ensuite, j’ai essayé de muter le bébé par télépathie. Ça n’a pas marché, et j’ai eu mal à la tête. Mais quand le bus a fait une pause, j’ai eu la flemme de descendre acheter de l’eau pour faire passer mon mal de tête.
Quand j’avais organisé une fête avec cinquante personnes que je ne connaissais pas dans la maison dans laquelle je vivais en Nouvelle-Zélande. Je voulais fêter mes 24 ans avec des coworkers du resto dans lequel je bossais depuis trois minutes, et j’étais tellement heureuse d’avoir une maison que je m’étais dit que ça valait le coup. Quand l’un des invités avait cassé la TV et que ma coloc avait retrouvé des bouteilles de bière dans les arbres de mon jardin des jours plus tard (elle ne faisait pas trop la fête) (ni ne parlait beaucoup d’ailleurs) (j’ai dû la voir deux fois trois minutes) (d’ailleurs il y a plus de chances que c’eût été une cambrioleuse que ma coloc), m’avaient dissuadé de réorganiser une fête dans n’importe lequel de mes futurs chez moi.
Quand je suis allée chez le coiffeur pour me teindre les cheveux en blond alors que j’avais à peine 20 ans. J’y ai passé plus de cinq heures, ça m’a complètement bouffé les cheveux — et le portefeuille de l’époque acheté chez Bershka — j’avais les yeux qui ont pleuré pendant plusieurs jours à cause de l’ammoniaque. Je suis restée blonde platine 24h, puis je suis allée chez Monoprix pour m’acheter une coloration en boîte pour me reteindre avec ma couleur naturelle. Qui était moins bien que l’initiale, donc.
Quand j’ai tout lâché. Tout vendu, tout rendu, et que je n’ai gardé que huit kilos de bagage, un masque pour les yeux et mon passeport, sans vraiment savoir ce qu’allait être ma vie.
Quand je suis allée me faire ma manchette tatouage. J’avais un tout petit tatouage que j’avais fait en commun avec celui que je pensais être “the one”, et je voulais :
1 – le recouvrir
2 – recouvrir les 45cm2 de peau qui l’entouraient.
Les gars, il y a quelques erreurs de ma vie auxquelles je pense en souriant. Mais les tatouages, c’est franchement relou quand tu en regrettes un. Et en regretter un que tu as en commun avec quelqu’un qui ne fait plus partie de ta vie, c’est juste l’angoisse. On ne le dira jamais assez ; les tatouages en commun c’est super risqué, surtout si c’est avec ton mec / ta nana de l’époque et que tu as vingt ans.
Sur le coup c’était mignon. Plus de dix ans après, je bénis mon tatoueur d’avoir réussi à recouvrir ça, ainsi que mon moi de l’époque qui avait fait un petit tatouage (je pense que mon inconscient avait mis un petit taquet à mon cerveau pour lui signaler que ce n’était pas la ligne d’arrivée amoureuse et que minimiser le tatouage était clairement de mise) (merci mon inconscient)
Parenthèse “don’t do what I do but do what I say”, finie.
Je m’étais donc mis en tête de me faire une manchette sur tout l’avant-bras. On avait bossé les designs au préalable, la façon de l’agencer etc… Avec le recul, je me rends bien compte que le tatoueur — qui tatouait très bien — n’était par contre pas très bien organisé pour les manchettes, endroit du corps qu’il n’était pas très habitué à tatouer. Ajoutez à ça le fait que j’ai décidé de changer de motif au dernier moment pour un rendu plus “sur-mesure”, le pauvre était déboussolé, à dû s’y prendre 7 fois pour poser le stencil, et m’a tatouée en trois sessions, avec trois semaines d’écart à chaque fois pour que la peau soit bien cicatrisée. En tout, 27h au salon, trois shots de rhum (un après chaque séance), et une manchette qui reste aujourd’hui l’un de mes tatouages préférés.
À environ chacun de mes voyages, surtout depuis le Covid : les papiers liés au covid du pays de sortie, les frontières, les climats géopolitiques, les escales (et donc les nouveaux papiers liés au covid du pays de transit, les papiers liés au covid du pays d’entrée, les visas, les décalages horaires, le stress de devoir bosser depuis un pays dont je ne connais parfois pas les spots pour pouvoir faire un zoom / un call / un téléchargement. Tellement de critères à prendre en compte, qui la plupart du temps, font des premiers jours des jours éprouvants. Mais cette vie de “digital nomad” (je n’aime vraiment pas ce terme mais visiblement c’est ce que je suis), je ne la changerai pour rien au monde. Je vous prévois d’ailleurs un article dessus.
Quand j’ai couru le semi-marathon. Pour certains, c’est pas grand chose, et quand je vois que j’ai des amies qui courent des marathons sans se préparer ou des 10K en ayant dormi trois heures et en ayant écumé tous les bars de la ville, je me dis que les gens sont franchement incroyables. Parce que moi, j’ai couru un semi-marathon il y a dix ans en sortant d’une semaine d’hôpital, et franchement ça m’avait donné — et me donne encore — l’impression d’avoir fait huit Iron Man d’affilée.
Je pense clairement que la détermination varie en fonction des moments de vie, et surtout de comment l’on voit les choses. Ce que l’on imagine après “l’effort”. Se lancer dans des chantiers qui paraissent compliqués, ça peut être très simple si l’on veut voir où ça va nous mener. Et puis même si l’on finit avec un résultat négatif, que cela n’aboutit pas, que l’on regrette. On peut se dire qu’on est allé jusqu’au bout, on a essayé, on s’est donné les moyens.