le coiffeur

J’ai été chez le coiffeur. Mais je ne me suis fait pas fait couper les cheveux.

Putain elle déraille ça y est.

Déjà tu te calmes, okay. Et je déraille depuis trente ans, donc Fais t’y. Fais-t’y ? Fais-y toi ?

Donc deal with it.

Je suis donc allée chez le coiffeur, mais je ne me suis pas fait couper les cheveux, parce que la dernière fois que j’y suis allée, j’avais fait un monologue de 23 minutes sur le pourquoi du comment mes cheveux longs faisaient partie de mon moi actuel — je revenais d’Afrique du Sud, les gens m’appelaient Vendredi (pour Vendredi ou la vie sauvage, au cas où tu n’aurais pas la ref espèce d’inculte) et pourquoi il fallait donc ne couper QUE les pointes, juste les pointes. J’étais ressortie de là avec un carré long, avais laissé un pourboire (#victime) et étais partie me cacher dans mon lit en jurant que PLUS JAMAIS je ne laisserai un coiffeur me couper les cheveux.

C’était en mai. Depuis, j’ai retrouvé ma longueur et laisse-moi te dire que c’est bien pratique étant donné que j’ai fait le tri un peu trop vite lors de ma dernière collecte de vêtements pour une association et que j’ai donné TOUTES mes affaires d’hiver. Sauf un bonnet.

Nous voilà donc en novembre, et je me retrouve de nouveau chez un coiffeur pour accompagner ma meilleure amie qui est en détresse capillaire et qui a besoin d’un soutien. 

— Bonjour, ce serait pour un shampoing brushing s’il vous plaît 

— On ne coupe rien ? Même pas les pointes ?

— Vas-y, essaie.

— Pardon ?

— Non non, shampoing brushing. C’est tout, merci.

Je mets la petite cape dans laquelle je n’arrive jamais à trouver les manches — sourires gênés haha oui c’est pas très pratique à mettre hein c’est vrai — puis direction le bac. Après 17 “ça va la température ?”, et trois “ils sont fatigués vos cheveux non ?”, je me dis que, quand-même, c’est dur de lancer ça au visage de mes cheveux, surtout de la part d’un mec qui a le crâne rasé. Mais bon, mes cheveux sont moins susceptibles que moi. Je lui lance quand-même un “ils prennent beaucoup le soleil ! Parce que bon, moi aussi je suis fatiguée, donc je pars souvent en vacances”.

Voilà, donc t’arrêtes de critiquer mes pointes ou je te force à regarder chacune de mes photos de vacances des trois dernières années.

Silence de quelques merveilleuses minutes, je crois qu’il a comp…

— Mais vous ne faites jamais de masque ?

— Oh boy…

— Hein ?

— Bah si, parfois, des bains d’huile de coco quoi.

— Ah vous êtes plutôt diaïoua

— Plutôt quoi ?

— Diaïoua !

— …

— Fait maison quoi !

— Ahhhh, DIY

— Oui voilà ! Sinon on a un super soin Kérastase qui permet de…

— Non non, vraiment je préfère les choses naturelles donc c’est gentil mais non

— D’accord c’est comme vous voulez. Je vous fais un massage ?

— Non c’est bon j’aime pas trop qu’on me…

— Oh ça va vous détendre vous allez voir

Okay donc là, je ne suis pas détendue du tout, et j’ai un mélange de tellement de sensations en même temps que j’ai l’impression que mes différents personnages dans ma tête sont eux-mêmes schizophrènes. Le coiffeur me masse alors que je n’aime pas que l’on me touche, du coup, ça m’énerve. En même temps son putain de massage est vraiment cool, donc j’ai un peu envie de dormir. Et puisque ces massages ressemblent beaucoup à des papouilles, signe d’une soirée à deux dans un lit, j’ai un peu envie de m’envoyer en l’air.

Voilà, on est samedi, il est 10h du matin, et j’ai envie de cogner / dormir sur / embrasser le coiffeur. 

— Je vous ai quand-même fait le soin Kérastase, cadeau de la maison.

— mrmmph mrrhpmmm okaaay

Après avoir un peu bavé et m’être endormie au bac en rêvant de Malcolm Marx (c’est lui pour ceux qui ne le connaissent pas) (plaisir d’offrir), le coiffeur m’emmène sur une chaise face à un miroir beaucoup trop bien éclairé qui me sort de ma torpeur. S’en suivent douze brûlures légères à l’oreille / au crâne / dans la nuque — cette fois-ci sans JAMAIS me demander si “ça va la température ?” — je sors avec ma longueur, peignée comme un Playmobil stylé, et avec des cheveux qui sentent bon, même si ce n’est pas la coco.

Un samedi matin plutôt cool pour mon Vendredi ou la vie sauvage intérieur.

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