L’un des trucs que j’adore à Paris, c’est que l’on croise des personnes très différentes les unes des autres (si tenté que l’on sorte de son cercle d’adresses fournies par Le Bonbon – Merci Alfred et autres Konbini) (et que l’on parle donc à d’autres personnes que des gens issus du Marketing – du Digital – de la Pub) que l’on peut observer planqué derrière ses Ray ban en déjeunant dans un parc, à la terrasse d’un café en faisant semblant de lire (j’en suis à la page 85 de mon bouquin depuis 3 terrasses) ou en attendant sa commande au comptoir d’un resto.
Et il y a des gens qui sont fascinants.
La nana un peu vieille mais pas trop qui lit un journal graaaaaand comme ça dans le métro en heure de pointe
Son journal prend autant de place que le titre ci-dessus. Il est 19h24 dans la 9, c’est donc la guerre, et alors que je me demande depuis combien de temps la barre à laquelle je m’agrippe comme si ma vie en dépendait n’a pas été lavée, elle, pépouze, elle s’assoit sur les strapontins et ouvre un journal.
J’aime les gens qui lisent les journaux. Non attends de qui je me fous. J’aime les gens qui lisent, point barre. Même un flyer, je m’en fous. Je ne comprends pas que l’on ne lise pas, c’est comme tirer un trait sur 27229292 mondes merveilleux alors que l’on a accès à des librairies et des bibliothèques totalement dingues.
Mais là, cette dame, qui est un peu vieille-mais-pas-trop, c’est à dire pas assez pour qu’on la laisse faire ce qu’elle veut, mais trop pour qu’on l’incite à se lever parce que bon, si tu veux de la place tu vas en Ardèche ma grande, là cette dame décrète que c’est pile poil le bon timing pour feuilleter le Canard Enchaîné.
Moralité
Je me prends 17 pages dans la face, manque de me faire lacérer le menton avec ses feuillets acérés, et une fois que je trouve assez de courage pour lui lancer un regard noir, je n’arrive pas à faire d’eye contact parce qu’elle s’est créé un paravent avec son foutu journal. Elle m’agace un peu, mais elle a un tel aplomb que personne n’ose rien lui dire, et que les gens en restent comme deux ronds de flan en la voyant, absorbée dans sa lecture inadéquate.
Le gens multitasking qui fait des sandwichs trop bons
A côté de l’agence il y a une épicerie qui fait de super bons sandwichs avec des tas de fromages incroyables (et visiblement de la charcuterie de ouf pour les concernés), et le gens qui prend les commandes, est une personne assez formidable.
Il y a TOUJOURS la queue pour commander, c’est donc un branle-bas de combat perpétuel pour récupérer son graal, mais franchement ça vaut le coup. L’homme qui prend les commandes pourrait faire la gueule et ne pas être aimable, il pourrait soupirer quand on met trop de temps à choisir ou râlouiller quand on n’entend pas son nom, trop perdue dans son bouquin (que je faisais semblant de lire, bien trop occupée à écouter les deux mecs à côté de moi se parler) (toujours page 85 donc, on ne lâche rien), mais non. Il est toujours content, souriant, répond à nos questions et rit à nos blagues, et à chaque fois, il donne une sucette. Pas une sucette dégueu cheloue qui date de 1987 non, une sucette en forme de coeur avec une odeur de cerise chimique au goût de paradis.
Moralité
Y’a des gens contents, du genre de ceux qui sifflent dans la rue alors qu’on est lundi, que c’est une semaine de 5 jours, qu’il pleut et que la rue est bloquée à cause d’un bus.
Mes héros.
Les deux Roger de la fanfare du vendredi
Alors eux, mais alors eux, je les aime depuis le début. Ce sont deux mecs qui descendent touuuuuuuute la rue de l’agence, chacun sur un trottoir, avec un répertoire plus hétéroclite que les puces de St Ouen, en jouant façon fanfare du sud ouest, et c’est de la joie en boîte. C’est bien simple, je ferme les yeux, je suis à Bayonne. Bon, sans la plage. Ni les rugbymen. Ou les halles trop stylées. Mais c’est déjà un bon début, et grâce à eux, ce sont les ferias dans le 11ème pendant 30 minutes. Parce que forcément le vendredi on est de bonne humeur, pour un peu qu’il y ait un rayon de soleil pour aller avec, alors là c’est le pompon sur la Gironde.
Moralité
Ouvrez vos fenêtres.