Il y a quelques jours j’étais dans un bar, et alors que je me suis souvenue de pourquoi je n’aimais plus les bars (c’est parce que je suis vieille) (et que je préfère faire des squats chez moi plutôt que dans des toilettes exiguës qui sentent le métro) (ou l’inverse), je suis rentrée chez moi.
Dans le métro du retour (qui sentait les toilettes donc), j’ai lu l’un de mes bouquins du moment qui est écrit par Arnaud Desjardins qui n’est autre que le fondateur de l’un des Ashrams dans lesquels j’espère me rendre prochainement. Que vous soyez ou non intéressé par la méditation, je trouve qu’il est toujours intéressant d’opter pour ce genre de lecture, de façon régulière ou ponctuelle, on apprend beaucoup sur soi, sur les autres, et sa façon de se comporter dans le monde. Au pire des cas cela ne vous parle pas et vous le prêtez à quelqu’un d’autre que cela inspira peut-être, et dans le meilleur des cas vous prenez un peu de recul sur la vie que l’on mène et notre façon d’être heureux, paisible, et on prend un shoot de bienveillance.
On a connu plus risqué.
Je continue de lire ce bouquin, devant revenir parfois sur certaines phrases pour bien les assimiler. Certaines choses me paraissent familières, d’autres principes sont un peu plus inconnus, mais je suis assez captivée, et quand j’arrive à son explication de la multiplicité des personnes dans un même être ; ça me parle énormément. Il explique notamment que la paix avec soi-même ne peut arriver que lorsque l’on comprend et identifie notre être “neutre”, celui que nous sommes sur le long terme, celui qui nous permet de comprendre l’unité. Mais pour comprendre l’unité, il faut avant tout passer par l’exploration de la multiplicité.
Je ne parle pas de schizophrénie qui est une maladie, mais bien de cette sensation d’avoir plusieurs personnalités qui s’expriment au gré de leurs envies à travers nous, à travers notre être.
Cette sensation qui nous donne l’impression d’être un être dual, toujours dans la pluralité, trop souvent dans la contradiction. Ces personnes qui vont et viennent de façon non contrôlée nous surprennent parfois, pensant qu’elles avaient disparu, alors qu’elles se cachaient juste un peu plus loin.
la colérique
Je ne suis pas quelqu’un de colérique en général. Mais des personnes, des situations, peuvent me donner des élans de colère profonde qui apparaissent et retombent en quelques minutes. Une réflexion gratuite, de la malveillance, du jugement, du bruit répétitif, quelqu’un qui me pousse dans le métro, ne sont que quelques unes des situations dans lesquelles je vois apparaître cette personne colérique qui serre les dents. Elle n’intervient pas toujours dans ces situations, on peut parfois me faire une blague sur le végétarisme, je rigole, parce que chacun ses convictions, et de toute façon les mentalités évoluent, c’est bien tout ça… Et une autre fois, on va me dire que je dois être carencée, et je n’ai qu’une envie, c’est claquer un crochet pour expliquer que non, et fouetter la personne à terre avec une saucisse végétarienne. Mais je ne le fais pas parce que :
1 – la bienséance
2 – ma mère m’a toujours dit de ne pas jouer avec la nourriture
la familiale
Mariage, enfants, achat d’une maison en banlieue parisienne (ou ailleurs) ; ce n’est pas vraiment mon credo. Je ne suis pas du tout contre tout ça, et j’ai même été très tentée par le mariage à une époque. On dira ce que l’on veut, je trouve cela beau, et je suis une éternelle optimiste. Mais le combo classique insufflé par la société n’a jamais été vraiment dans mes plans de vie. Les gros mariages en France ne me tentent pas, je n’ai pas le désir de porter un enfant et la vie en France, en banlieue ou ailleurs, est bientôt derrière moi. Mais quand je reviens de chez ma soeur, que j’ai vu ma nièce, ou que je regarde une série dont les protagonistes vivent tous dans de jolies maisons entourées de jolies clôtures d’un blanc immaculé, je ne peux m’empêcher de rêvasser à une vie faite de tourtes maison et barbecues en famille dans le jardin.
la sceptique
Je suis d’un naturel positif. Mais quand je lis les news, j’ai parfois l’impression que le monde s’écroule en quelques minutes. Je vois la bêtise des gens, l’égoïsme du monde, le manque d’empathie des plus puissants, écrasant les plus démunis sans même prendre le temps de se demander si ce qu’ils font est discutable… Et j’ai envie de baisser les bras. Cela ne dure en général que quelques minutes, la lecture d’un autre article plein d’espoir ou un peu de méditation venant balayer cet élan de pessimisme. Mais quand le scepticisme me prend, je n’ai jamais envie de l’accueillir, même en sachant pertinemment qu’il ne sera que de passage.
la critique
La pensée positive, la bienveillance, la tolérance, sont des principes qui m’habitent et que j’essaie de cultiver un peu chaque jour. Je suis persuadée que le bien appelle le bien. Mais parfois, quand une situation va à l’encontre de mes valeurs, que les gens font des choix que j’estime être “mauvais”, malveillants ou égoïstes, je ne peux m’empêcher de critiquer leurs actes. J’essaie de garder ces critiques à l’intérieur, ou de les exprimer de façon construite, et seulement en demandant avant “Je peux te donner mon avis ?”, mais quelques fois, ces critiques se forment dans mon esprit ; acerbes, dures, parfois violentes.
Trouver un équilibre avec son “soi neutre” est, je pense, le travail de toute une vie. Accepter nos sentiments, nos différentes facettes, en essayant de ne blesser personne avec notre ego bien souvent trop présent, n’est pas une mince affaire. Mais bon, la méditation, l’introspection, la critique positive, les rencontres qui nous forgent sont autant d’axes d’amélioration qui font de nous des personnes meilleures, un peu plus chaque jour.
Et c’est déjà pas mal.