Oui, il s’agit bien des trois singes qui se cachent la bouche, les oreilles et les yeux. Ces singes que vous avez croisés en revenant de votre road trip en Thaïlande, sur le marché hippie d’Ibiza ou au Duty Free de Bali.
Les trois singes représentent le fait de “ne pas dire le mal, ne pas entendre le mal, ne pas voir le mal.”
Et si à force de ne plus vouloir dire, entendre ou voir le mal, on avait fini par ne plus dire, entendre, ou rien voir du tout ?
La parole
Pourquoi est-ce que l’on a arrêté de se dire les choses dans la vie ?
En amour, en amitié ; on attend que cela “se tasse” en espérant que l’on tienne entre temps. On ghost, on ne rappelle pas, on bloque, on boude, on fait la gueule, on en veut, on se fait des nœuds à l’estomac ; incapables de dire ce que l’on ressent.
Par peur de blesser l’autre, de prendre des décisions irrémédiables qui sera peut-être la mauvaise décision. Alors on reste, on râle, ou on en oublie l’honnêteté qui nous manque tant.
Je me demande si ça a toujours été comme ça. Si l’on a toujours fui par peur, ou par flemme. C’est pourtant bien de dire les choses, de se parler, de s’écouter, d’écouter les autres. Ça nous permet d’avancer, de mettre des mots sur des sensations, et de gagner du temps pour aller ce vers quoi on aspire réellement. Parce que ne rien dire et attendre que l’autre comprenne, c’est comme faire frire des falafels en slip ; on te souhaite un peu de réussir, mais on sent quand-même arriver la catastrophe.
Dire à l’instant T ce que l’on ressent, sans énervement, juste partager et dire à l’autre comment ça se passe dans notre tête. Admettre que l’on peut se tromper, que l’on peut avoir ressenti quelque chose et que ce ne soit plus le cas, ou l’inverse.
Des choses simples qui peuvent nous éviter des soirées les yeux rivés au plafond en se demander si le signal sera bien interprété.
On sait que cela ne sera pas toujours évident, et que, si certaines personnes sauront échanger dans la bienveillance et l’honnêteté, d’autres n’en seront pas forcément capable. Mais essayer, juste essayer, c’est déjà beaucoup.
L’écoute
Pourquoi est-ce que l’on a arrêté d’écouter l’autre ?
Devoir se presser pour finir notre histoire par peur que l’autre nous coupe, avoir des échanges stériles et superficiels qui ne nous apportent rien, écouter d’une oreille pour redemander la même chose deux jours plus tard, renvoyer une question simplement par politesse… C’était quand la dernière fois que l’on a écouté à 100% ? Que l’on a eu envie de savoir ce qu’il se passait réellement, sans avoir en arrière pensée une histoire nous concernant lock and loaded ?
On entend, mais est-ce que l’on écoute sincèrement ?
On parle beaucoup pour combler les vides, mais les vides sont si importants pour nous permettre de se poser, de digérer ce qu’il vient de se passer, ce que l’autre a dit et ce que nous on a entendu. Et puis ce que l’on a compris.
On a trop souvent tendance à finir les phrases des autres pour montrer que l’on comprend une sensation que l’autre ne comprend sûrement pas lui-même. C’est compliqué d’analyser ce que l’on ressent, et encore plus quand la personne en face ne nous en laisse pas l’opportunité.
L’attention
Pourquoi est-ce que l’on a arrêté de regarder ce qui nous entoure ?
Ici on parle d’attention, ou de la vue, ou de tout ce qui nécessite de faire attention aux personnes qui nous entourent. Parce que parfois les gens craquent, et on se demande comment cela se fait que l’on n’ait rien vu avant. Peut-être qu’à force de vouloir occulter tout le mauvais du monde qui nous entoure, on ne prend plus la peine de voir quoi que ce soit : le bon, le mauvais, ou juste le nécessaire.
S’imposer quand l’autre n’a pas envie, voir quand quelqu’un a besoin de nous, trouver des petites attentions pour montrer qu’on n’est là même si l’on ne sait pas vraiment quoi faire.
On ne peut pas tout voir, tout le temps. Mais prendre le temps de lever notre nez de notre téléphone pour voir ce qui nous entoure, c’est aussi prendre conscience du monde dans lequel on évolue. Cela nous permet de le comprendre un peu mieux, de comprendre ses habitants, et de nous comprendre un peu mieux nous-même, et par conséquent d’être plus connecté.
Et à autre chose qu’à Instagram.