Ma chère planète,
J’ai lu dans un livre qu’accorder son pardon nous permettait de mettre notre ego de côté, ainsi que notre colère, qui nous séparent trop souvent de l’Amour, et de notre accès au bonheur. J’essaie au quotidien d’accorder mon pardon alors que je voudrais parfois crier, reprocher, juger, et même si cela est parfois difficile, je te promets que j’essaie de faire de mon mieux. Mais aujourd’hui, mon pardon me semble bien petit comparé au tien. Et je comprends que tu ne veuilles pas forcément nous l’accorder, à nous, les humains.
On a pillé tes ressources, mangé tes enfants, détruit tout ce que tu avais créé sans même que l’on ne comprenne comment tu avais fait. On en a voulu toujours plus, avide d’argent, de pouvoir, capables trop souvent du pire, et si rarement du meilleur.
Au cours de ces dernières années, on a essayé de se « racheter » en se donnant bonne conscience à refuser des pailles en plastique dans nos cafés à empoter à 8€, commandés aux comptoirs de marques qui pillaient tes ressources, exploitaient les humains — car si tu crois que l’on se lie tous contre toi, tu te trompes, on a meme réussi à se détruire les uns les autres, exploitant les plus faibles pour enrichir les plus forts — pour notre plaisir hédoniste qui visiblement, est notre seule préoccupation.
Les combats des uns deviennent la risée des autres, et l’altruisme est devenu signe de faiblesse pour beaucoup d’entre nous.
A quel moment en sommes-nous arrivés là ?
La réponse me paraît aussi simple que triste ; il y a déjà longtemps.
Tout ce chemin parcouru dans le seul but de posséder plus, se frayer un chemin en haut de la pyramide capitaliste, oubliant celle de Maslow, et des priorités que l’on a perdues de vue en cours de route.
Aujourd’hui, ma chère planète, je voudrais te demander pardon. Pas au nom de tous, car je n’aime pas que l’on s’excuse pour moi, et par conséquent je ne m’excuserai pas pour les autres. Nous sommes responsables de notre propre bonheur, de nos choix, nos décisions, nos actions, et je sais que malgré mes efforts pour me rapprocher de toi et te préserver, tu es en colère. Et tu as raison. On a abusé de toi, on t’a déçue, on t’a fait mal, on t’a humiliée et on a torturé ceux qui t’habitaient. Pas un jour ne passe sans que mon coeur ne s’emplisse de tristesse quand je lis tout ce que l’on te fait subir, tout ce que l’on se fait subir aux quatre coins du monde. Et j’essaie chaque jour de me souvenir du chemin que je suis, celui qui me rapprochera de toi et de notre cohabitation respectueuse l’une envers l’autre, pour notre bonheur à tous.
Ma chère planète, je sais que je te demande l’impossible, mais s’il te plaît, pardonne-moi. Pardonne-moi pour ne pas avoir agi plus tôt, pour ne pas avoir compris et avoir fermé les yeux sur des comportements déraisonnables, pour avoir toléré l’intolérable et pour avoir, à mon niveau, abusé de toi.
Et puisque te demander pardon est une requête, j’aimerais, en échange, te remercier. Pas pour te forcer la main, mais parce que tu m’as donné et me donnes tellement chaque jour depuis toutes ces années. Merci pour toutes ces plantes merveilleuses qui illuminent mon quotidien (malgré mes allergies — on dira ce que tu veux, tu as le sens de l’ironie), pour tous ces animaux qui te peuplent et dont j’essaie de prendre soin à mon échelle. Pour tous tes levers de soleil, tes couchers de soleil, tes grains de sable, tes champs, tes océans, ton soleil, tes montagnes enneigées, tes légumes, tes fruits, tes naissances, tes miracles, tes pluies torrentielles, tes orages, tes forêts, tes rencontres. Merci de m’offrir la chance d’être, de respirer, de vivre et de faire mes propres choix pour vivre en harmonie avec ce et ceux qui m’entourent.
Ma chère planète, je sais que tu es en colère, et je ne peux que le comprendre. Mais si tu as la force de me pardonner, alors merci. Et que tu le fasses ou non, je te promets que je continuerai à faire de chacune de mes décisions, des décisions altruistes, prises pour le bien de tous ceux qui t’habitent.
Bien à toi
F.