pourquoi est-ce que je quitte une pièce (en ayant pris le soin d’emporter avec moi mon café) (ou mon verre de rosé, soyons honnête) quand une conversation me tend l’omoplate

Il y a cinq ans, je suis allée voir une ostéopathe qui m’a dit que j’avais l’omoplate droite bloquée parce que je portais mon sac de sport toujours du même côté, et que du coup, dès que j’avais un moment de stress, tout mon émotion venait s’y loger. 

J’ai donc commencé le yoga, puis la méditation, puis j’ai acheté un réhausseur de mac pour le boulot. Tout ça combiné marchait plutôt bien, mais pas parfaitement. J’ai donc décidé de faire davantage de yoga, puis de méditation, puis j’ai changé de chaise de bureau. 

Mais mon omoplate me faisait toujours souffrir le dimanche soir.

Alors j’ai décidé de quitter mon job, mon appartement, et de voyager seule en aidant les animaux et les humains, et de raconter tout ça à ceux qui voudraient bien le lire.

Et depuis, ça va vachement mieux.

Mais en commençant la méditation, un travail d’introspection global et tout ce qui va avec, d’autres choses ont suivi. Des choses que je n’avais pas prévues et que j’ai découvertes en écoutant les autres, et surtout en m’écoutant moi-même. 

Et depuis quelques années, quand je sens qu’une situation me bloque l’omoplate, je quitte la pièce, en prenant soin d’emporter avec moi mon café.

parce que l’on est ceux que l’on aime

Quand je regarde les personnes que j’aime le plus sur cette jolie planète qu’est la terre, je me rends compte de leurs incroyables qualités ; leur bienveillance, leur altruisme, leur générosité, leur écoute, leur douceur, leur gentillesse, leur bonté. Ces personnes m’inspirent à être la meilleure version de moi-même, pour être à leur hauteur. Quand je suis avec elles, mon omoplate, elle, est détendue, et tout le monde est heureux. Mon ostéopathe inclue.

Et celui avec lequel je partage ma vie, ma “better half”, qui est définitivement better que la half que je suis, et me fait être une personne meilleure chaque jour à ses côtés, est l’incarnation de ces valeurs dont j’ai envie de me nourrir au quotidien. 

parce qu’être empathique et subir sont deux choses bien différentes l’une de l’autre

ne pas prendre toute la douleur des autres, ce n’est pas s’en foutre, c’est juste se protéger. On peut sentir la douleur des autres et avoir envie de les aider, sans s’oublier pour autant. C’est comme pour les combats qu’il faut choisir ; on ne peut pas être sur tous les fronts, et surtout, on ne peut pas aider quelqu’un qui ne veut pas l’être.

Personne n’est heureux en permanence. Mais ne jamais vouloir l’être et mettre tout en oeuvre pour se complaindre dans sa tristesse ; ça use et ça abîme. J’ai mis beaucoup de temps à comprendre que quitter une relation — amicale ou amoureuse — parce que la personne me rendait triste, ne faisait pas de moi une mauvaise personne. Juste une personne qui tentait de se protéger.

parce que l’on choisit ce que l’on veut être, et moi j’ai choisi d’être heureuse

Avoir une maison sur la plage, faire du surf le matin, avoir un cours de yoga hebdomadaire, méditer tous les jours, être full time freelance, visiter autant de pays que bon me semble, revenir en France au moins deux fois par an, apprendre une troisième langue, passer enfin mon permis bateau… Autant de projets cool que j’ai en tête, mais quand on me demande quels sont mes objectifs de vie, tout cela se floute pour ne laisser en apparaître qu’un seul et unique : être un peu heureuse chaque jour.

À travers cet objectif Gandhiesque, une seule envie ; celle de profiter de ce que j’ai et de ce que je mets en oeuvre pour l’obtenir grâce à ceux que j’aime, et à moi-même.

Etre heureuse, pas complètement, peut être pas tout le temps, mais au moins un petit peu chaque jour. 

Pour moi, c’est ça mon seul objectif premier. Et il passe notamment par ce que je peux mettre en place à un petit niveau, comme le fait de me rester dans des situations bienveillantes, et partir de celles qui me tendent l’omoplate. Comme quoi Pumba et Timon avaient franchement raison.

parce que les problèmes des uns ne sont pas les problèmes des autres

“Alalala mais tu fuis le conflit”. Alors déjà ; oui. Mais je tends à le résoudre quand il s’agit d’un problème qui en est réellement un. Les problèmes façon pilier de comptoir après dix huit verres de rosé pour des situations qui ne me concernent pas, avec des protagonistes que je ne connais pas ; c’est non. Quand on me demande mon avis, je le donne avec plaisir. Quand on me demande d’écouter un monologue de quarante-cinq minutes fait d’avis acerbes et d’anecdotes méchantes que je n’ai pas demandés ; c’est non.

“Mais on ne peut rien te dire, tu ne prends pas parti”. Alors deuxièmement ; non. Parce que je ne suis pas arbitre de touche. Si les gens veulent un avis tranché, qu’ils demandent l’opinion de leur famille sur leurs choix de vie au dîner de Noël.

À la lecture de ces lignes vous pourriez penser que je me fous des problèmes des autres ; la réponse est non. Mais ce dont je me fous encore moins ; c’est ma santé mentale. Elle est capitale et passe notamment par les paroles que l’on reçoit et émet chaque jour. La santé mentale, c’est comme un petit animal que l’on se doit de protéger. La mienne (dans ma tête, c’est un bébé pingouin, mais vous pouvez tout à fait vous l’imaginer comme étant un autre animal) je la nourris en l’entourant d’autres bébés animaux mignons, je la protège des prédateurs et je vérifie régulièrement qu’elle est okay.

parce que j’ai le droit

Et oui, on a le droit de partir d’une situation quand cela nous rend malheureux. Je ne le fais pas toujours, parfois trop ancrée dans cette habitude qui me pousse à rester pour ne pas froisser la personne. Mais pour casser cette habitude, j’en parle à ceux que j’aime pour avoir leur retour et donc faire ce qui est le mieux pour moi. Mais un détail qui peut paraître mineur alors que pour moi, il veut dire beaucoup : je pars toujours avec mon café ou mon verre de rosé (ou d’eau, de champagne, de Schweppes ananas). 

Attends mais on s’en fout ça, non ?

Et non. Parce qu’avant, quand j’arrivais à partir, je laissais mon café. J’arrêtais de faire ce qui me rendait heureuse (ici, boire un café. Qui est plutôt très haut placé sur l’échelle des choses qui me rendent heureuse) pour partir. Je sacrifiais un petit bonheur pour m’échapper, et je ne trouvais pas ça franchement juste. Après des années de pratique, j’arrive désormais à partir, en emportant avec moi mon petit bonheur. Et ça, ça me rend encore plus heureuse que le café lui-même. 

Comme quoi, le bonheur c’est comme le café ; ça se cultive.

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