service recommended

Demain, je m’envole pour Singapour.
Un séjour en solo pour profiter de l’une de mes amies, des jardins suspendus, de Little India, des malls toujours plus hauts, des trottoirs toujours larges, des vegan meatballs spaghettis à 34$ (!), mais surtout… du Genius Bar du Jewel Changi Airport de Singapour.
Ma batterie de mac m’affiche service recommended depuis désormais plusieurs mois, et ça me rend complètement dingue. 


Si la vie sur une île est synonyme de noix de coco cueillies dans le jardin, verres sur la plage et balades buccoliques à deux dans les rizières, elle est aussi synonyme de galère dès qu’il s’agit de problème de santé, envoi DHL et autres réparations urgentes. Les délais pour une nouvelle batterie étant de trois semaines, me mettant au chômage technique forcé, ma seule option était d’attendre mon prochain visa run pour aller abandonner mon Mac entre les mains expertes — et coûteuses — du staff d’un Genius Bar d’un pays voisin.
Ma batterie de mac me nargue désormais depuis plusieurs mois, et à chaque fois que je pose mes yeux sur ce message menaçant de service recommended ; je vacille.
Outre le fait que ce n’est jamais agréable de voir une possession si chère nous claquer lentement entre les pattes, c’est ici l’aspect imparfait qui me donne des sueurs froides.


Quand certains gardent tout “au cas où”, je n’ai quasiment que le stricte nécessaire depuis de nombreuses années. Et le stricte nécessaire qui fonctionne parfaitement.
Impossible de trouver des doublons dans mes vêtements : pas de haut tâché, de chaussette solo, de bouton en rab ou de tee-shirt trop petit. Pas de jean qui ne me plaît qu’à motié, de chaussures trop sales pour être portées ou de bijou qui me gratte. 
Je me souviens de mon ancien appartement à Paris que certains catégorisaient d’appartement témoin : chaque chose était à sa place, et rien ne dépassait. Et à chaque fois que mon étagère de douche tombait brutalement à cause d’une ventouse rebelle, j’avais la sensation qu’il s’agissait d’un mauvais présage.

Service recommended pour moi aussi s’il vous plaît.

Je n’ai jamais aimé les maisons dans lesquelles il faut faire “attention au verrou qui ne marche pas”, où il manque une ampoule, qui a une porte de placard qui ferme mal.
Entre ma mère qui garde les échantillons de parfum qu’on lui avait donné en 1998 versus mon père qui aligne les télécommandes toutes les heures et dont les plcarads de salle de bain ressemblent à une succursale de Monoprix avec les bouteilles de déodorant alignées ; j’ai choisi mon camp du lâcher-prise.
Ou plutôt du non lâcher-prise.


Mais s’il est impossible de me lever sans faire mon lit le matin, ou de laisser une assiette sale dans l’évier, cette folie s’applique partout.
Aucune chance, jamais, d’avoir un non-dit avec une amie, ou de m’engueuler plus de dix minutes avec mon mec : je veux que les choses soient réglées, que l’on se parle, que l’on communique et que la batterie fonctionne parfaitement. 
Alors quand je vois que mon cher et tendre arrive à s’endormir après que je lui ai dit que non, je n’étais pas contente, parce qu’il veut me laisser mon espace, j’ai envie de le réveiller pour parler et régler immédiatement la situation.
Et de refaire le lit, la vaisselle, et le tri dans mes vêtements par la même occasion.

Service recommended.

Mais puisqu’être consciente d’un problème c’est déjà le début de la résolution, j’essaie de lâcher prise sur certaines choses. 
Comme ne pas rafraîchir ma page gmail (plus de) 30 fois par heure quand j’attends une réponse de l’Ambassade de France ou vérifier que le resto choisi par une copine est vraiment le meilleur resto de notre quartier pour aller manger un nasi goreng. 
Mieux encore, je tente de ne pas imposer ma folie à ceux qui m’entourent et qui n’ont rien demandé. Celui qui fait le lit le matin est celui qui se lève en dernier du lit (et quand ce n’est pas moi, j’essaie de ne pas repasser derrière pour le refaire), mais je ne réorganise pas la section du dressing de ma moitié chaque semaine comme je le fais pour moi.
J’essaie de me contenter d’exercices de renforcement de dos pour soigner une hernie discale et ne pas être obsessive autour de mon abandon forcé du sport comme je l’entendais.
J’essaie de ne pas insister pour faire changer les gens quand ils ne sont pas comme les personnes avec lesquelles j’ai envie de passer du temps. Les gens ont le droit de ne pas être comme moi j’ai envie qu’ils soient. Mais j’ai également le droit de ne pas subir des moments qui ne m’intéressent pas, juste pour être présente et apporter de l’attention.

Que cela soit en amour, en amitié, dans la maison, au travail ou au quotidien en général, j’ai besoin que les choses fonctionnent bien, sans faille. Mais pour ce faire, il est normal et sain que de temps, on ait besoin d’un service recommended.

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