Oui oui oui, la semaine dernière il a fait chaud. Très chaud. Et perso je suis inquiète. Je suis inquiète pour l’environnement, je suis inquiète pour les animaux, pour les personnes qui sont plus sensibles à la chaleur que moi, je suis inquiète d’être la seule à toujours pouvoir bouffer comme 12 alors qu’il fait 42°c, je suis inquiète pour ma facture d’électricité parce que du coup je mets la clim, et donc je suis de nouveau inquiète pour l’environnement.
La boucle est bouclée.
Mais, alors que l’on a déjà eu deux épisodes de canicule cette année (j’en ai eu pour ma part 2728929 entre l’Afrique du Sud, le Swaziland, et la Grèce) (et ouais j’en branle pas une, kestuvafèr?), j’ai commencé à faire des liens entre les extrêmes chaleurs et… le bonheur.
Le bonheur pur et simple.
Est-ce que… est-ce que la canicule nous rendrait plus heureux ?
“Non mais elle est complètement à l’ouest la meuf là…”
La chaleur, ça te fait tout vivre au ralenti. Alors tu prends le temps de jouer aux cartes dans le jardin sous l’arbre, tu regardes les insectes te grimper dessus au lieu de regarder ton partenaire de kems (“Putain mais j’ai fait le signe 12 fois meuf”), tu fais l’amour — tu ne baises pas hein, tu fais l’amour — parce que baiser quand il fait 44 degrés ça demande trop d’effort — les soirées s’éternisent, tu vas dans des friches, plus dans des bars, tu te lèves super tôt et tu as la sensation merveilleuse que le monde t’appartient et que personne ne pourra t’enlever cette liberté à laquelle tu goûtes tout juste.
Alors d’accord on râle et on colle, mais on râle et on colle dans l’amour et le bonheur.
Mais…pourquoi ?
Ça sent l’été, et donc les vacances
Bon ok, ça sent aussi l’aisselle luisante le goudron qui colle aux tatanes. Mais on sait que malgré tout ça, les vacances arrivent. Que l’on en ait pas pris depuis deux semaines ou un an, les trains se blindent, les compagnies aériennes commencent leurs grèves ; pas de doute, les grandes vacances sont bien là. On demande depuis quelques semaines / mois déjà “et toi tu pars où cet été ?”. Il y a ceux qui ont leur maison de vacances “Quiberon faire du surf / Hossegor faire du paddle / Draguignan faire la planche dans la piscine”.
Ceux qui veulent du frais “Montagne / Grotte / Roubaix”.
Ceux qui partent à l’étranger raisonnable (bonsoir) “Portugal / Italie / Malte”.
Et ceux qui énervent juste et auxquels on ne reposera plus jamais la question “Nouvelle-Zélande / Tahiti / Iles de Paques”.
Gnagnagna. Fait un temps de merde en Nouvelle-Zélande à cette période de l’année d’abord.
Ça sent les sorties inopinées
Bah oui, étant donné que c’est bientôt les vacances et que l’été nous permet de profiter d’environ 22h de jour — j’exagère à peine — on sort du lundi au dimanche, pour une balade, une expo, un apéro qui se transforme en 12, et on rentre chez soi beaucoup trop tard, mais heureux.
La chaleur, ça rend tout romanesque.
Vous avez déjà vu une maison en pierre au mois de décembre ? On a l’impression que tout craque, ça caille, et franchement on pense à tous les films d’horreur dans lesquels les “héros” ne tiennent pas 20 minutes. Et il y a clairement beaucoup plus de sang qui coule dans les maisons de ta Grand-Tante au bord d’un chemin sans voisin que dans un appart décoré sur Made.com.
Mais une maison en pierre au mois de juillet, c’est comment ? Bah ça devient une maison dans laquelle on sent que l’on pourrait être écrivain, vivre de tomates du potager et de vin bio, à écrire des bouquins sur les amours impossibles, à regarder des films sur un drap blanc mal attaché avec des pinces à linge en bois.
On se sent dans un siècle différent, l’atmosphère est solaire, ça sent les pins et les possibilités du monde entier qui s’offrent à nous. Et pour les malheureux qui restent à Paris ? Les rues en travaux dégueulent du goudron et un niveau sonore proche de celui de Beyrouth, les friches nous font penser à nos vacances dans le sud, les tables bancales des terrasses ont un air de feria, et même les parisiens ont l’air détendu. On raconte même qu’on en a vu quelques uns sourire.
La chaleur, ça nous rend mou…
Et râler demande beaucoup d’énergie. Alors après quelques minutes ou heures pour les plus courageux de “j’ai chaaauuuud” “j’en peux plus de la chaleeeeur”, les plus malins comprennent que râler nous fait encore plus transpirer et que c’est dans l’intérêt commun de ne rien dire, de s’asseoir sur le ventilo, et d’enchaîner les Mister Freeze.
…et ça nous permet par conséquent de nous reconnecter
Et peut-être que l’on a du mal à encore comprendre ça à Paris, mais faire beaucoup de choses ne nous rend pas forcément plus heureux.
Bah ouais.
On n’a pas arrêté de nous dire et de se dire que plus on irait voir d’expos au Palais de Tokyo, plus on ferait la queue pour rentrer dans un bar blindé aux prix exorbitants, plus on serait heureux. Alors qu’en réalité, se connecter à ce et ceux qui nous entourent, regarder la nature, s’allonger sur son lit en bonne compagnie (ou seul), sentir le vent dans ses cheveux, caresser un animal, sont autant de choses qui nous permettent de nous reconnecter au monde, et surtout à nous même. Et quand on a la flemme de tout, on prend le temps de ne rien faire. Et l’on comprend très souvent que c’est ce qui nous rend souvent bien plus heureux qu’un agenda trop rempli avec des events que l’on ne savoure même plus.
Alors évidemment, après ces épisodes de canicule en France, on reste tous inquiets pour le futur. Mais le temps de trouver une solution globale et des solutions individuelles (genre trier, jeter ses mégots de cigarette dans les poubelles, arrêter de prendre des pailles, diminuer les emballages en ayant des sacs réutilisables, VOTER, réduire ses déplacements en voiture et environ 272829 autres solutions faciles à adopter…), essayons de prendre le temps de transpirer en étant heureux, ce sera déjà pas mal.
Love