Définition du Digital Nomadism par FedBusiness : “Nomade digital, ou « digital nomad » en version originale en anglais : c’est le terme qui qualifie les personnes exerçant un métier numérique leur permettant de travailler à distance et de voyager. Pour Christel Joly, « bien plus qu’un métier, c’est un style de vie ». Un nomade digital peut travailler depuis la Chine, le Mexique ou le Kenya, pourvu qu’il ait une bonne connexion Internet. « Digital nomad, c’est ça. Ce sont des gens qui ont des métiers connectés et qui travaillent uniquement sur ordinateur. Ils sont nomades dans le sens où ils n’ont pas de poste ou de situation géographique bien déterminés. Ils peuvent changer d’endroit quand ils veulent et comme ils le souhaitent.”
J’ai toujours eu la bougeotte. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours adoré voyager, découvrir, manger, marcher, nager, voir ce qu’il y avait ailleurs. Voir ce qu’il y avait derrière les rails, après la montagne, la vue depuis le sommet, plus loin que la bouée, la prochaine ville, la plage derrière les rochers, le dernier étage, après la forêt, “mais siiii, le petit point derrière la troisième dune de sable en partant de la droite”.
Et pour cette passion qui me colle à la peau depuis toute petite, je remercie ma maman qui avait et a toujours cette même envie de voir des choses. Elle a passé sa vie de jeune adulte sur des bateaux à voyager et voir des pays que la plupart des gens ne savait même pas placer sur une carte. J’ai été bercée par ses histoires qui prenaient place dans des décors aux noms imprononçables, avec des personnes rencontrées sur le port, dans la vieille ville, sur la plage, entre deux destinations. Je me souviens de ses appels à ses amis de Tahiti, Los Angeles, Serbie, Angleterre, Italie, Baléares. Ma mère m’a donné le goût des visas qui défilent au fil des pages des passeports, des langues étrangères et des “ça fait combien en pesetas ?”.
Mais à un moment de ma vie, j’ai voulu rentrer dans un cadre qui ne me correspondait pas ; dans un appartement trop petit, des horaires de travail trop lourds et des vacances qui me servaient d’échappatoire à ce quotidien dans lequel je m’étais enfermée toute seule. Les voyages étaient certes ce qui me permettait de respirer, mais ils étaient beaucoup trop espacés, malgré mes calculs savants pour profiter d’un week-end de quatre jours grâce à un pont, à des billets bookés en pleine nuit pour pouvoir voyager sans trop dépenser, à des voyages décidés au dernier moment parce que je n’en pouvais plus de Paris…
Et puis j’ai senti que tout ça m’étouffait. Je suis partie à l’étranger un an, puis je suis revenue. Puis deux mois, puis je suis revenue. Puis deux ans, et… je ne suis jamais revenue. Je regardais des vidéos de gens qui avaient fait pareil, tout en réussissant à conserver un job qui leur plaisait, en mettant en oeuvre des solutions pour travailler en full remote tout au long de l’année, depuis leur van aménagé, leur yourte, leur camping car ou leurs différents points de chute au fur et à mesure des pays dans lesquels ils atterrissaient. Mon quotidien à moi, c’était d’écrire, de faire du volontariat dans les pays dans lesquels j’allais, et de profiter sans trop dépenser afin de ne pas devoir me perdre dans le travail.
Mais la vérité, c’est que pour être serein, il faut être un minimum stable. Pas forcément pour tout, ni pour tout le monde. J’aime ne pas savoir où je serai demain, mais j’ai besoin de savoir que je serai toujours stable financièrement le mois prochain. Et même si l’argent ne fait pas le bonheur, ne pas en avoir fait vite notre malheur. Alors pour continuer de voyager, il fallait être lucide ; je devais gagner de l’argent.
être freelance, ou l’art de l’organisation
Etre freelance, c’est être son propre patron. Ce qui pour moi, vaut tout l’or du monde. Mais c’est aussi prendre toutes les repsonsabilités que cela implique. Il n’y a personne derrière qui se cacher, pas de binôme sur lequel compter, pas de laurier sur lequel se reposer. Il faut savoir tout faire et surtout savoir gérer son temps, et son argent. Parce que si personne ne nous reproche d’avoir “posé notre après-midi” si l’on arrête de travailler à 18h, personne ne nous bouscule non plus quand on regarde trois épisodes de série sur notre pause dej.
Pas de traffic manager pour nous dire que non, on ne peut pas prendre un cinquième client ce mois-ci parce que l’on a déjà des semaines de dix jours planifiées. Pas de RH pour régler nos problèmes de factures, no de service informatique qui résoud ce problème de connection qui sort de je ne sais où.
Etre freelance, c’est être free, mais c’est aussi être tout seul.
Commence alors une bataille entre soi et… soi-même.
C’est avoir des promesses de projets que l’on relance alors que le projet est sensé devoir commencer et ne plus jamais obtenir de réponse de la part de celui qui devait être notre employeur.
C’est devoir relancer une fois, deux fois, dix fois pour le paiement de ses factures. Faire partie d’une team mais en fait pas vraiment, avoir un compte slack mais que pour une semaine, parler aux gens dix fois par jour et ensuite plus jamais, faire une pause à la machine à café mais avec personne à qui parler de trucs inintéressants.
Etre freelance c’est faire un peu partie de plein d’entreprises pour un temps donné.
digital nomad, ou comment s’adapter à son environnement
Pouvoir bosser depuis les quatre coins du monde, c’est formidable. Mais c’est également fait de beaucoup de problèmes auxquels on ne pense pas forcément quand on se dit que l’on va être digital nomad.
Il faut avant tout penser au fuseau horaire. Bosser depuis Bali, c’est cool. Bosser depuis Bali pour des clients britanniques, ça l’est beaucoup moins. Bosser depuis Bali pour des clients britanniques et Français, c’est signer son arrêt de mort. Le signer en étant bronzée, certes, mais le signer quand même.
Et surtout, avoir une connection Internet qui reste fiable. Rien de plus stressant que de devoir fournir un travail quand sa connection Internet plante, avoir à envoyer un mail quand on n’a plus de data et que le Vodafone Shop est à une heure de marche, ou devoir assurer une réunion et qu’une pluie tropicale fait sauter les plombs.
Et un mental d’acier. Parce qu’être à l’autre bout du monde pour travailler, c’est pour moi la plus belle des façons de travailler, celle qui me convient. Mais c’est aussi devoir dire non à une visite, une sortie en mer, une session plage, un resto avec des copines, parce que même si l’on travaille depuis un hamac, on se doit de travailler.
La vie d’employé nous a inscrits dans ce mood de : travail = pas drôle / temps off = cool. Des années et des années où l’on a enregistré que si l’on se trouvait dans un environnement cool, cela voulait forcément dire que l’on pouvait en profiter. Etre digital nomad, cela signifie surtout d’avoir une frontière très floue entre les moments de détente, et ceux de travail. Et on ne dirait pas comme ça, mais travailler depuis une plage de sable blanc, ça demande parfois beaucoup d’efforts.
Mais pour réussir à accomplir ce que l’on doit accomplir, il faut surtout savoir s’adapter à toutes les situations.
Si vous ne pouvez pas travailler ailleurs que sur un bureau rangé et au calme, ça peut vite être compliqué. En l’espace de quelques mois, j’ai dû faire une prise de brief depuis une île perdue dans l’Océan Indien alors que le réseau était quasi inexistant, j’ai écrit des activations depuis le Kenya au bord d’une piscine (niveau adaptation ça va, je voulais juste l’écrire quelque part), fait un entretien depuis un bus branlant dans le désert Egyptien, des calls en région Parisienne depuis la chambre de ma nièce de 4 ans avec mon laptop calé sur sa mini chaise et une peluche dans le dos pour ne pas que son lit ne me fasse un trou dans la colonne vertébrale.
J’ai travaillé depuis des aéroports, des gares, des stations de bus, des voitures (mieux vaut avoir le coeur bien accroché), des bateaux (mieux vaut avoir son café bien calé pour éviter qu’il ne glisse de la table) et autres moyens de locomotion plus confortables les uns que les autres (non).
Alors, c’est une bonne ou une mauvaise situation ça digital nomad ?
Je pense qu’il s’agit vraiment d’une façon de travailler particulière qui conviendra aux personnes qui réussissent à trouver des repères facilement et un peu partout. Les points de repère, on les a chez nous, beaucoup moins quand on voyage. Mais quand voyager devient notre quotidien, quand notre salon est le café de la plage, notre chambre le Airbnb dans lequel on est depuis quelques jours, et notre cuisine le boui boui à gauche après le palmier penché si tu arrives au bateau à la coque bleu c’est que tu es allé trop loin ; les repères se trouvent de plus en plus facilement.
Et puis si vous avez un doute, le plus simple, c’est d’essayer.