À l’agence, Internet a décidé de faire sa crise d’ado et de n’en faire qu’à sa tête.
Il a claqué la porte du jour au lendemain sans se retourner et en nous criant des noms d’oiseaux qui n’étaient franchement pas mérités. Nous laissant là, désemparés, en nous demandant ce que l’on avait fait de mal pour qu’il se barre comme ça, sans préavis.
En 2017, ne pas avoir Internet au boulot c’est comme… c’est comme.. Attendez, qui n’a pas Internet au boulot en 2017 ?
Et comme tout choc que l’on ne s’attendait pas à recevoir, on passe par de nombreuses étapes.
En fait, Internet qui plante, c’est un peu comme une rupture. Et c’est pas joli.
LE DÉNI
« Vous avez Internet vous ? ». Ça commence par cette phrase qui s’échappe des open spaces de chaque étage, les gens se regardent, pas vraiment inquiets, et se questionnent quant au pourquoi de ce ralentissement soudain du chargement des pages.
Puis les échos inter-étages finissent par confirmer ce que tout le monde redoutait.
INTERNET
A PLANTÉ
DE OUF.
« Non non mais c’est pas possible là »
« J’ai une reco à envoyer pour 12h »
« J’ai pas accès au serveur »
« Ouais bah moi je dois balancer un mail méga important »
« J’étais en conversation avec mon date ! » (?)
Ça se tire dans les pattes, les gens se battent pour savoir qui a une tâche plus importante que le Roger d’à côté. On rafraîchit sa page toutes les 6 secondes, on essaie toutes les manières possibles et imaginables de se connecter :
« Qui a un partage de connection ? »
« Et en filaire vous ça marche ? »
« Quelqu’un a des codes FreeWifi ? »
« Peut-être que c’est mon câble Ethernet qui ne marche pas en fait ».
On ne peut pas y croire, comment a-t-il pu nous faire ça, après tant d’années de Netflix dominical, de conversations Facebook, de vidéos échangées, de pubs regardées, de chats mignons aimés ?
Internet, comment as-tu pu, traître que tu es.
LA COLÈRE
Après le temps des blagues et de la légèreté, vient la phase où l’on ne rit plus du tout. La service informatique que l’on a au téléphone depuis 1h23 ne nous paraît plus si sympa que ça, on n’a plus envie de jouer à Snake sur son 3310 nouvelle édition acheté 110€, on a déjà bu 3 litres de café et tout le monde hésite sincèrement à appuyer sur le bouton rouge dans le placard là où le serveur et les 38282919 fils se trouvent « juste pour voir, peut-être que ça résoudrait le problème ».
Franchement Internet, t’étais pas si bien que ça, ça sert à rien d’avoir le melon.
L’EXPRESSION
« On pourrait peut-être trouver une alternative, aller travailler de chez nous ? Ou du Mc Do au coin de la rue ? J’ai entendu qu’il y avait du wifi gratuit ».
Internet comme on l’a connu n’est plus, et l’on commence à la réaliser. On se rappelle de tous nos onglets ouverts en même temps, de Slack, Facebook, Twitter, Instagram entrechâssant des conversations parfois futiles mais qui faisaient partie de notre quotidien. On se dit qu’on a été trop gourmand, que l’on n’aurait pu éviter ce bug, en y mettant du nôtre de manière collective, que l’on aurait dû débrancher nos câbles d’alimentation en partant le soir.
Mais c’est trop tard, et on le paie.
Internet, ô toi machin cruel. T’es pas cool.
LA DÉPRESSION
On regarde tous nos écrans, l’air hagard, l’œil triste. On n’échange plus vraiment, l’agence est silencieuse. Les docs word ouverts sur nos bureaux respectifs sont vierges. On regarde notre page Chrome affichant tristement le message que l’on connaît désormais trop « Plus aucune connexion Internet ». Et le petit dinosaure que l’on aimait tant auparavant nous paraît bien triste.
S’en remettra-t-on un jour ? Regarderons-nous à nouveau une publicité en buvant un café quand l’agence est encore silencieuse ?
On se remémore les conversations de groupe, la musique, les discussions Slackbot, les channels.
Ahhhhh…les channels.
Internet, tu..tu…(soupir)
L’ACCEPTATION
Les personnes écrivent sur du papier et se parlent beaucoup plus que d’habitude. Les escaliers sont rythmés par les va et vient incessants des pas qui montent, descendent, pour aller d’un pôle à un autre.
Des sourires timides sont de retour sur les visages, l’apaisement s’installe, doucement, mais sûrement.
Les réunions ont pris du retard certes, mais elles sont faites avec des personnes concentrées, sans Mac sur les genoux, et parfois même sans iPhone dans les mains. C’est fou comme on peut finalement se passer de tout.
Et alors que l’on visualisait sa vie sans Internet, à jamais, le monsieur de l’informatique (qui est redevenu drôle après une bonne nuit de sommeil) nous explique comment gérer le nouveau fournisseur Internet qui nous permettra de ne plus jamais passer par la case bug général.
Hey dis-donc, elle est pas mal cette nouvelle box à y regarder de plus près.
Internet, tu ne finiras jamais de m’étonner.